Partie 1 : 1980-2008, le retour en grâce de l’Empire du Milieu
Incontestablement, la réussite économique chinoise est totale depuis 3 décennies. Pour autant, le modèle sur lequel elle a été bâtie repose sur un concept éminemment simple : une main d’œuvre extrêmement bon marché couplée à une stabilité politique et monétaire assurant de la visibilité aux investisseurs étrangers. Grâce à une maitrise hors paire de sa communication vis-à-vis de la communauté internationale, le rattrapage de l’Empire du Milieu a été aussi fulgurant qu’inédit. Nous revenons dans ce premier volet sur les spécificités de cet anti-modèle, qui repose essentiellement sur un pragmatisme extrême. Toutefois, la crise de 2008-2009 a commencé à révéler, pour ceux qui veulent les voir, les premières failles du colosse chinois. Si au cours des deux dernières années, les autorités ont réussi à masquer la vulnérabilité de l’économie de l’Empire du Milieu, en ouvrant en grand les vannes du crédit, ce ne fut qu’au prix du creusement de plus en plus profonds de déséquilibres, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays.
I. « Enrichissez-vous ! », mission accomplie !
a. Une croissance fulgurante depuis 30 ans
b. Le seul pays capable de bousculer la hiérarchie mondiale
c. Le champion des exportations
d. La locomotive de la zone Asie
II. Les clés de la réussite chinoise
a. Des facteurs conjoncturels
b. Des raisons structurelles à une réussite aussi fulgurante
III. L’envers du décor : une économie dopée à l’investissement qui la rend vulnérable
a. Une richesse créée extrêmement cyclique
b. Des signes avant-coureurs de dérives inquiétants
Partie 2 : 2009-2011, l’emballement final
Avec la crise, on aurait pu s’attendre à un décrochage violent de l’économie chinoise, qui a construit l’essentiel de sa réussite sur les exportations depuis 1980. Il n’en a rien été. Du moins officiellement : les taux de croissance ont dépassé 9% en 2008 et 2009. Comment expliquer une telle résistance de la part d’un modèle pourtant tourné vers l’offre ? Par l’explosion de la distribution de crédit ayant permis une véritable orgie d’investissement, public comme privé, qui aura contribué jusqu’à 94% de la croissance chinoise en 2009 et 60% en 2010. Conséquences : d’une part le système bancaire chinois présente tous les signes d’une surchauffe et d’autre part une bulle immobilière inouïe et sans précédent ne cesse d’enfler depuis deux ans. Les craintes se multiplient aujourd’hui, avec une accélération des pressions inflationnistes qui rendent de plus en plus mal à l’aise les gouvernants, qui peinent à trouver une solution aux dérapages en cours. D’ailleurs les marchés financiers locaux, souvent très anticipateurs, donnent un message clair depuis l’été 2009 : ils ne valident plus le modèle de croissance de Pékin et ses conséquences sur l’inflation. L’avenir proche s’annonce compliqué pour l’Empire du Milieu…
I. Une récession plus marquée qu’il n’y paraît
II. Le gouvernement ouvre les vannes du crédit face à l’ampleur de la crise
III. Une politique monétaire « pousse au crime » pour les entreprises…menant à une crise bancaire quasi certaine
a. Les entreprises sont incitées à emprunter toujours plus
b. Le système bancaire chinois présente tous les symptômes d’une surchauffe…
c. …menant irrémédiablement à une crise bancaire
IV. Une bulle immobilière sans précédent
V. Les craintes se multiplient : l’endettement s’affole et l’inflation est dans le tuyau
a. Comme les pays riches, la Chine va connaître un problème d’endettement
b. L’inflation fragilise l’édifice chinois et la légitimité des gouvernants
VI. Les marchés financiers locaux doutent de la pérennité du modèle
Partie 3 : L’après 2011, l’impossible transformation du modèle
Comme nous l’avons évoqué dans le deuxième volet de notre triptyque Spécial Chine intitulé « 2009-2011 : L’emballement final », nous estimons que les gouvernants chinois ne disposent plus des marges de manœuvre suffisantes pour poursuivre leur fuite en avant dans la recherche de la croissance à tout prix, sans aucune considération qualitative. En effet, nous ne croyons pas plus qu’en 2008 à la théorie, pourtant gravée dans l’esprit des investisseurs et des gouvernants, du découplage économique entre pays industrialisés et pays émergents. Vous découvrirez ainsi dans cette étude les raisons pour lesquelles une transformation du modèle de croissance mercantiliste que la Chine utilise depuis 30 ans en modèle reposant sur la demande intérieure des ménages nous semble impossible sans une rupture qui prendrait la forme d’un ralentissement profond. Cela entraînera alors une nouvelle chute de la croissance mondiale, et avec elle celle des cours des matières premières notamment industrielles et des marchés actions émergents mais aussi occidentaux.
I. La qualité de la croissance chinoise s’est fortement détériorée
II. Pourquoi les gouvernants n’osent pas miser sur les ménages ?
a. Un modèle de croissance qui a lésé les ménages
b. La réorientation de la croissance chinoise vers la demande intérieure passera par une croissance moins forte et des marges plus faibles
c. La transformation du modèle passera inéluctablement par la baisse du taux d’épargne…synonyme de perte de compétitivité du pays
III. La Chine, vieille avant d’être riche
a. Les fondamentaux de la réussite chinoise sont remis en cause : les forces structurelles s’amenuisent
b. Productivité et croissance seront durablement pénalisées
c. La hausse de la consommation des ménages à moyen terme compensera-t-elle la hausse du coût de la dépendance ?
IV. Pas d’avenir pour la Chine sans une révolution énergétique
V. Au niveau mondial la stagflation s’installera après une longue période de grande volatilité des taux de croissance